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Page:Malot - Sans famille, 1887, tome 2.djvu/320

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SANS FAMILLE

que j’étais fils de Patrick Driscoll et de Margaret Grange, sa femme.

Que demander de plus ?

Cependant Mattia ne se montra pas satisfait, et le soir, quand nous fûmes retirés dans notre voiture, il se pencha encore à mon oreille comme lorsqu’il avait quelque chose de secret à me confier.

— Tout cela c’est superbe, me dit-il, mais enfin cela n’explique pas comment Patrick Driscoll, marchand ambulant, et Margaret Grange, sa femme, étaient assez riches pour donner à leur enfant des bonnets en dentelle, des brassières garnies de dentelles, et des pelisses brodées ; les marchands ambulants ne sont pas si riches que ça.

— C’est précisément parce qu’ils étaient marchands que ces vêtements pouvaient leur coûter moins cher.

Mattia secoua la tête en sifflant, puis de nouveau me parlant à l’oreille :

— Veux-tu que je te fasse part d’une idée qui ne peut pas me sortir de la tête : c’est que tu n’es pas l’enfant de master Driscoll, mais bien l’enfant volé par master Driscoll.

Je voulus répliquer, mais déjà Mattia était monté dans son lit.