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SANS FAMILLE

J’ouvris les yeux, un chien, un vilain chien jaune était penché sur moi et me léchait.

Mes yeux rencontrèrent ceux de Mattia, qui se tenait agenouillé à côté de moi.

— Tu es sauvé, me dit-il en écartant le chien et en m’embrassant.

— Où sommes-nous ?

— En voiture ; c’est Bob qui nous conduit.

— Comment cela va-t-il ? me demanda Bob en se retournant.

— Je ne sais pas ; bien, il me semble.

— Remuez les bras, remuez les jambes, cria Bob.

J’étais allongé sur de la paille, je fis ce qu’il me disait.

— Bon, dit Mattia, rien de cassé.

— Mais que s’est-il passé ?

— Tu as sauté du train, comme je te l’avais recommandé ; mais la secousse t’a étourdi et tu es tombé dans le fossé ; alors ne te voyant pas venir, Bob a dégringolé le talus tandis que je tenais le cheval, et il t’a rapporté dans ses bras. Nous t’avons cru mort. Quelle peur ! quelle douleur ! mais te voilà sauvé.

— Et le policeman ?

— Il continue sa route avec le train, qui ne s’est pas arrêté.

Je savais l’essentiel, je regardai autour de moi et j’aperçus le chien jaune qui me regardait tendrement avec des yeux qui ressemblaient à ceux de Capi ; mais ce n’était pas Capi, puisque Capi était blanc.

— Et Capi ! dis-je, où est-il ?

Avant que Mattia m’eût répondu, le chien jaune