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Page:Malot - Sans famille, 1887, tome 2.djvu/374

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SANS FAMILLE

voyez bien que je suis tout disposé à vous servir.

Je fis un signe affirmatif.

— Faites demander Dolphin ; vous retiendrez bien mon nom, n’est-ce pas ?

— Oui, monsieur.

J’étais appuyé contre la portière dont la vitre était ouverte ; je lui demandai la permission de regarder le pays que nous traversions, et comme il voulait « se concilier ma bienveillance », il me répondit que je pouvais regarder tant que je voudrais. Qu’avait-il à craindre, le train marchait à grande vitesse.

Bientôt l’air qui le frappait en face l’ayant glacé, il s’éloigna de la portière pour se placer au milieu du wagon.

Pour moi, je n’étais pas sensible au froid ; glissant doucement ma main gauche en dehors je tournai la poignée et de la droite je retins la portière.

Le temps s’écoula : la machine siffla et ralentit sa marche ; le moment était venu ; vivement je poussai la portière et sautai aussi loin que je pus ; je fus jeté dans le fossé ; heureusement mes mains que je tenais en avant portèrent contre le talus gazonné ; cependant le choc fut si violent que je roulai à terre, évanoui.

Quand je revins à moi je crus que j’étais encore en chemin de fer, car je me sentis emporté par un mouvement rapide, et j’entendis un roulement : j’étais couché sur un lit de paille.

Chose étrange ! ma figure était mouillée et sur mes joues, sur mon front, passait une caresse douce et chaude.