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Page:Malot - Sans famille, 1887, tome 2.djvu/386

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SANS FAMILLE

France ? Quelle route suivre ? Comment nous diriger ?

Ce fut la question que nous agitâmes en sortant d’Isigny par la route de Bayeux.

— Pour moi, dit Mattia, je n’ai pas de préférence, et je suis prêt à aller à droite ou à gauche ; je ne demande qu’une chose.

— Laquelle ?

— Suivre le cours d’un fleuve, d’une rivière ou d’un canal, parce que j’ai une idée.

Comme je ne demandais pas à Mattia de me dire son idée, il continua :

— Je vois qu’il faut que je te l’explique, mon idée : quand Arthur était malade, madame Milligan le promenait en bateau, et c’est de cette façon que tu l’as rencontrée sur le Cygne.

— Il n’est plus malade.

— C’est-à-dire qu’il est mieux ; il a été très-malade, au contraire, et il n’a été sauvé que par les soins de sa mère. Alors mon idée est que pour le guérir tout à fait, madame Milligan le promène encore en bateau sur les fleuves, les rivières, les canaux qui peuvent porter le Cygne ; si bien qu’en suivant le cours de ces rivières et de ces fleuves, nous avons chance de rencontrer le Cygne.

— Qui dit que le Cygne est en France ?

— Rien : cependant, comme le Cygne ne peut pas aller sur la mer, il est à croire qu’il n’a pas quitté la France, nous avons des chances pour le trouver.

Quand nous n’en aurions qu’une, est-ce que tu n’es pas d’avis qu’il faut la risquer ? Moi je veux que nous