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Page:Malot - Sans famille, 1887, tome 2.djvu/393

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SANS FAMILLE

la cuisinière qui te faisait de si bonnes tartes aux confitures, disait-il, cela doit être joliment bon, des tartes à l’abricot.

— Tu n’en as jamais mangé ?

— J’ai mangé des chaussons aux pommes, mais je n’ai jamais mangé des tartes à l’abricot, seulement j’en ai vu. Qu’est-ce que c’est que ces petites choses blanches qui sont collées sur la confiture jaune ?

— Des amandes.

— Oh !

Et Mattia ouvrait la bouche comme pour avaler une tarte entière.

Comme l’Yonne fait beaucoup de détours entre Joigny et Auxerre, nous regagnâmes, nous qui suivions la grande route, un peu de temps sur le Cygne ; mais, à partir d’Auxerre, nous en reperdîmes, car le Cygne ayant pris le canal du Nivernais avait couru vite sur ses eaux tranquilles.

À chaque écluse nous avions de ses nouvelles, car sur ce canal où la navigation n’est pas très-active, tout le monde avait remarqué ce bateau qui ressemblait si peu à ceux qu’on voyait ordinairement.

Non-seulement on nous parlait du Cygne, mais on nous parlait aussi de madame Milligan « une dame anglaise très-bonne » et d’Arthur « un jeune garçon qui se tenait presque toujours couché dans un lit placé sur le pont, à l’abri d’une verandah garnie de verdure et de fleurs, mais qui se levait aussi quelquefois. »

Arthur était donc mieux.

Nous approchions de Dreuzy ; encore deux jours, encore un, encore quelques heures seulement.