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SANS FAMILLE

Enfin nous apercevons les bois dans lesquels nous avons joué avec Lise à l’automne précédent, et nous apercevons aussi l’écluse avec la maisonnette de dame Catherine.

Sans nous rien dire, mais d’un commun accord, nous avons forcé le pas, Mattia et moi, nous ne marchons plus, nous courons ; Capi, qui se retrouve, a pris les devants au galop.

Il va dire à Lise que nous arrivons : elle va venir au-devant de nous.

Cependant ce n’est pas Lise que nous voyons sortir de la maison, c’est Capi qui se sauve comme si on l’avait chassé.

Nous nous arrêtons tous les deux instantanément, et nous nous demandons ce que cela peut signifier ; que s’est-il passé ? Mais cette question nous ne la formulons ni l’un ni l’autre, et nous reprenons notre marche.

Capi est revenu jusqu’à nous et il s’avance, penaud, sur nos talons.

Un homme est en train de manœuvrer une vanne de l’écluse, ce n’est pas l’oncle de Lise.

Nous allons jusqu’à la maison, une femme que nous ne connaissons pas va et vient dans la cuisine.

— Madame Suriot ? demandons-nous.

Elle nous regarde un moment avant de nous répondre, comme si nous lui posions une question absurde.

— Elle n’est plus ici, nous dit-elle à la fin.

— Et où est-elle ?

— En Égypte.