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SANS FAMILLE

me sembla que la première elle ne m’avait pas serré ainsi dans ses bras.

— Pauvre cher enfant ! dit-elle.

Et de ses beaux doigts blancs et doux elle écarta mes cheveux pour me regarder longuement.

— Oui… oui… murmura-t-elle.

Ces paroles répondaient assurément à sa pensée intérieure, mais dans mon émotion j’étais incapable de comprendre cette pensée ; je sentais la tendresse, les caresses des yeux de madame Milligan, et j’étais trop heureux pour chercher au delà de l’heure présente.

— Mon enfant, dit-elle, sans me quitter des yeux, votre camarade m’a rapporté des choses bien graves ; voulez-vous de votre côté me raconter ce qui touche à votre arrivée dans la famille Driscoll et aussi à la visite de M. James Milligan.

Je fis le récit qui m’était demandé, et madame Milligan ne m’interrompit que pour m’obliger à préciser quelques points importants : jamais on ne m’avait écouté avec pareille attention, ses yeux ne quittaient pas les miens.

Lorsque je me tus, elle garda le silence pendant assez longtemps en me regardant toujours, enfin elle me dit :

— Tout cela est d’une gravité extrême pour vous, pour nous tous ; nous ne devons donc agir qu’avec prudence et après avoir consulté des personnes capables de nous guider ; mais jusqu’à ce moment vous devez vous considérer comme le camarade, comme l’ami, — elle hésita un peu, — comme le frère d’Ar-