Aller au contenu

Page:Malot - Sans famille, 1887, tome 2.djvu/412

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
404
SANS FAMILLE

Sans se troubler, madame Milligan, — maintenant je peux dire ma mère, — répondit :

— Vous pouvez nous appeler devant les tribunaux ; moi je n’y conduirai pas celui qui a été le frère de mon mari.

La porte se referma sur mon oncle ; alors je pus me jeter dans les bras que ma mère me tendait et l’embrasser pour la première fois en même temps qu’elle m’embrassait elle-même.

Quand notre émotion se fut un peu calmée, Mattia s’approcha :

— Veux-tu répéter à ta maman que j’ai bien gardé son secret ? dit-il.

— Tu savais donc tout ? dis-je.

Ce fut ma mère qui répondit :

— Quand Mattia m’eut fait son récit, je lui recommandai le silence, car si j’avais la conviction que le pauvre petit Rémi était mon fils, il me fallait des preuves certaines que l’erreur n’était pas possible. Quelle douleur pour vous, cher enfant, si après vous avoir embrassé comme mon fils, j’étais venue vous dire que nous nous étions trompés ! Ces preuves nous les avons, et c’est pour jamais maintenant que nous sommes réunis ; c’est pour jamais que vous vivrez avec votre mère, votre frère, — elle montra Lise ainsi que Mattia, — et ceux qui vous ont aimé malheureux.