Aller au contenu

Page:Malot - Sans famille, 1887, tome 2.djvu/421

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
413
SANS FAMILLE

haite de tout mon cœur un mariage qui fera entrer Mattia dans notre famille.

— Arthur t’a-t-il parlé de ses sentiments et de ses désirs ?

— Oui, chère maman, dis-je en souriant, il s’est adressé à moi comme au chef de la famille.

— Et le chef de la famille ?…

– … A promis de l’appuyer.

Mais ma mère m’interrompit.

— Voici ta femme, dit-elle ; nous parlerons d’Arthur plus tard.

Ma femme, vous l’avez deviné, et il n’est pas besoin que je le dise, n’est-ce pas ? ma femme, c’est la petite fille aux yeux étonnés, au visage parlant que vous connaissez, c’est Lise, la petite Lise, fine, légère, aérienne ; Lise n’est plus muette, mais elle a par bonheur conservé sa finesse et sa légèreté qui donnent à sa beauté quelque chose de céleste. Lise n’a point quitté ma mère, qui l’a fait élever et instruire sous ses yeux, et elle est devenue une belle jeune fille, la plus belle des jeunes filles, douée pour moi de toutes les qualités, de tous les mérites, de toutes les vertus, puisque je l’aime. J’ai demandé à ma mère de me la donner pour femme, et, après une vive résistance, basée sur la différence de condition, ma mère n’a pas su me la refuser, ce qui a fâché et scandalisé quelques-uns de nos parents : sur quatre qui se sont ainsi fâchés, trois sont déjà revenus, gagnés par la grâce de Lise, et le quatrième n’attend pour revenir à son tour, qu’une visite de nous dans laquelle nous lui ferons nos excuses