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Page:Malot - Sans famille, 1887, tome 2.djvu/426

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SANS FAMILLE

— J’ai eu des nouvelles de ses complices, dit Bob.

— De l’horrible Driscoll ? demanda Mattia.

— Non de Driscoll lui-même, qui doit être toujours au delà des mers, mais de la famille Driscoll ; madame Driscoll est morte brûlée un jour qu’elle s’est couchée dans le feu au lieu de se coucher sur la table, et Allen et Ned viennent de se faire condamner à la déportation ; ils rejoindront leur père.

— Et Kate ?

— La petite Kate soigne son grand-père toujours vivant ; elle habite avec lui la cour du Lion-Rouge ; le vieux a de l’argent, ils ne sont pas malheureux.

— Si elle est frileuse, dit Mattia en riant, je la plains ; le vieux n’aime pas qu’on approche de sa cheminée.

Et dans cette évocation du passé, chacun place son mot, tous n’avons-nous pas des souvenirs qui nous sont communs et qu’il est doux d’échanger ; c’est le lien qui nous unit.

Lorsque le dîner est terminé, Mattia s’approche de moi et me prenant à part dans l’embrasure d’une fenêtre.

— J’ai une idée, me dit-il ; nous avons fait si souvent de la musique pour des indifférents, que nous devrions bien en faire un peu pour ceux que nous aimons.

— Il n’y a donc pas de plaisir sans musique pour toi ; quand même, partout et toujours de la musique ; souviens-toi de la peur de notre vache.

— Veux-tu jouer ta chanson napolitaine ?