Page:Malot - Sans famille, 1902.djvu/110

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– Où aller ?

– Rentrer dans Paris ; quand nous rencontrerons des sergents de ville nous nous ferons conduire au poste de police ; j’aurais voulu éviter cela ; mais je ne veux pas te laisser mourir de froid ; allons, mon petit Rémi, allons, mon enfant, du courage !

De la campagne nous étions revenus en ville, c’est-à-dire que nous marchions entre des murs au haut desquels çà et là se balançait un réverbère avec un bruit de ferraille.

Vitalis s’arrêta : je compris qu’il était à bout.

– Voulez-vous que je frappe à l’une de ces portes ? dis-je.

– Non, on ne nous ouvrirait pas ; ce sont des jardiniers, des maraîchers qui demeurent là ; ils ne se lèvent pas à cette heure. Marchons toujours.

Mais il avait plus de volonté que de forces. Après quelques pas il s’arrêta encore.

– Il faut que je me repose un peu, dit-il, je n’en puis plus.

Une porte s’ouvrait dans une palissade, et au-dessus de cette palissade se dressait un grand tas de fumier monté droit, comme on en voit si souvent dans les jardins des maraîchers ; le vent, en soufflant sur le tas, avait desséché le premier lit de paille et il en avait éparpillé une assez grande épaisseur dans la rue, au pied même de la palissade.

– Je vais m’asseoir là, dit Vitalis.

– Vous disiez que si nous nous asseyions, nous