Page:Malot - Sans famille, 1902.djvu/122

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qui ne lui avait nullement paru la ville importante dont je lui avais parlé, possédait un maître de musique, que tout en soupant je demandai à la maîtresse de l’auberge où nous étions descendus, s’il y avait dans la ville un bon musicien qui donnât des leçons de musique.

Elle nous répondit qu’elle était bien surprise de notre question ; nous ne connaissions donc pas M. Espinassous ?

– Nous venons de loin, dis-je.

– De bien loin, alors ?

– De l’Italie, répondit Mattia.

Alors son étonnement se dissipa, et elle parut admettre que, venant de si loin, nous pussions ne pas connaître M. Espinassous, mais bien certainement si nous étions venus seulement de Lyon ou de Marseille, elle n’aurait pas continué de répondre à des gens assez mal éduqués pour n’avoir pas entendu parler de M. Espinassous.

– J’espère que nous sommes bien tombés, dis-je à Mattia en italien.

Et les yeux de mon associé s’allumèrent. Assurément, M. Espinassous allait répondre le pied levé à toutes ses questions ; ce ne serait pas lui qui resterait embarrassé pour expliquer les raisons qui voulaient qu’on employât les bémols en descendant et les dièzes en montant.

Une crainte me vint : un artiste aussi célèbre consentirait-il à donner une leçon à de pauvres misérables tels que nous ?