Page:Malot - Sans famille, 1902.djvu/140

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Un reniflement étouffé me rappela que Mattia était derrière le lit, je l’appelai ; il se releva.

– Celui-là c’est Mattia, dis-je, mon frère.

– Ah ! tu as donc retrouvé tes parents ? s’écria mère Barberin.

– Non, je veux dire que c’est mon camarade, mon ami, et voilà Capi, mon camarade aussi et mon ami ; salue la mère de ton maître, Capi !

Capi se dressa sur ses deux pattes de derrière et, ayant mis une de ses pattes de devant sur son cœur, il s’inclina gravement, ce qui fit beaucoup rire mère Barberin et sécha ses larmes.

Mattia, qui n’avait pas les mêmes raisons que moi pour s’oublier, me fit un signe pour me rappeler notre surprise.

– Si tu voulais, dis-je à mère Barberin, nous irions un peu dans la cour ; c’est pour voir le poirier crochu dont j’ai souvent parlé à Mattia.

– Nous pouvons aussi aller voir ton jardin, car je l’ai gardé tel que tu l’avais arrangé, pour que tu le retrouves quand tu reviendrais, car j’ai toujours cru et contre tous que tu reviendrais.

– Et les topinambours que j’avais plantés, les as-tu trouvés bons ?

– C’était donc toi qui m’avait fait cette surprise, je m’en suis doutée : tu as toujours aimé à faire des surprises.

Le moment était venu.

– L’étable à vache, dis-je, a-t-elle changé depuis