Page:Malot - Sans famille, 1902.djvu/141

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le départ de la pauvre Roussette, qui était comme moi et qui ne voulait pas s’en aller ?

– Non, bien sûr, j’y mets mes fagots.

Comme nous étions justement devant l’étable mère Barberin en poussa la porte, instantanément notre vache, qui avait faim et qui croyait sans doute qu’on lui apportait à manger, se mit à meugler.

– Une vache, une vache dans l’étable ! s’écria mère Barberin.

Alors n’y tenant plus, Mattia et moi, nous éclatâmes de rire.

Mère Barberin nous regarda bien étonnée, mais c’était une chose si invraisemblable que l’installation de cette vache dans l’étable, que malgré nos rires, elle ne comprit pas.

– C’est une surprise, dis-je, une surprise que nous te faisons, et elle vaut bien celle des topinambours, n’est-ce pas ?

– Une surprise, répéta-t-elle, une surprise !

– Je n’ai pas voulu revenir les mains vides chez mère Barberin, qui a été si bonne pour son petit Rémi, l’enfant abandonné ; alors, en cherchant ce qui pourrait être le plus utile, j’ai pensé que ce serait une vache pour remplacer la Roussette, et à la foire d’Ussel nous avons acheté celle-là avec l’argent avons gagné par Mattia et moi.

– Oh ! le bon enfant, le cher garçon ! s’écria mère Barberin en m’embrassant.

Puis nous entrâmes dans l’étable pour que mère