Page:Malot - Sans famille, 1902.djvu/160

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tendais de lui, pauvre chien, comme il me regardait, comme il m’écoutait.

Quand je remis sa laisse dans la main d’Allen je recommençai mes explications, et il était si intelligent, si docile, qu’il suivit mes deux frères d’un air triste mais enfin sans résistance.

Pour Mattia et pour moi, mon père voulut nous conduire lui-même dans un quartier où nous avions chance de faire de bonnes recettes, et nous traversâmes tout Londres pour arriver dans une partie de la ville où il n’y avait que de belles maisons avec des portiques, des rues monumentales bordées de jardins : dans ces splendides rues aux larges trottoirs, plus de pauvres gens en guenilles et à mine famélique, mais de belles dames aux toilettes voyantes, des voitures dont les panneaux brillaient comme des glaces, des chevaux magnifiques que conduisaient de gros et gras cochers aux cheveux poudrés.

Nous ne rentrâmes que tard à la cour du Lion-Rouge, car la distance est longue du West-End à Bethnal-Green, et j’eus la joie de retrouver Capi, bien crotté, mais de bonne humeur.

Je fus si content de le revoir qu’après l’avoir bien frotté avec de la paille sèche, je l’enveloppai dans la peau de mouton et le couchai dans mon lit ; qui fut le plus heureux de lui ou de moi ? cela serait difficile à dire.

Les choses continuèrent ainsi pendant plusieurs jours ; nous partions le matin et nous ne revenions que le soir après avoir joué notre répertoire tantôt dans un quartier, tantôt dans un autre, tandis que de