Page:Malot - Sans famille, 1902.djvu/167

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– Il faut plus d’un quart d’heure pour aller d’ici à la ville, dit Bob.

– Oh ! en courant, répliqua l’agent, et puis qui me prouve qu’il est parti à une heure ?

– Moi qui le jure, s’écria Bob.

– Oh ! vous, dit l’agent, faudra voir ce que vaut votre témoignage.

Bob se fâcha.

– Faites attention que je suis citoyen anglais, dit-il avec dignité.

L’agent haussa les épaules.

– Si vous m’insultez, dit Bob, j’écrirai au Times.

– En attendant j’emmène ce garçon, il s’expliquera devant le magistrat.

Mattia se jeta dans mes bras, je crus que c’était pour m’embrasser, mais Mattia faisait passer ce qui était pratique avant ce qui était sentiment.

– Bon courage, me dit-il à l’oreille, nous ne t’abandonnerons pas.

Et alors seulement il m’embrassa.

– Retiens Capi, dis-je en français à Mattia.

Mais l’agent me comprit :

– Non, non, dit-il, je garde le chien, il m’a fait trouver celui-ci, il me fera trouver les autres.

La prison où l’on m’enferma, n’était point une prison pour rire comme celle que nous avions trouvée encombrée d’oignons, c’était une vraie prison avec une fenêtre grillée de gros barreaux de fer dont la vue seule tuait dans son germe toute idée d’évasion.