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Page:Malot - Sans famille, 1902.djvu/33

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III

LA TROUPE DU SIGNOR VITALIS

Sans doute je dormis la nuit entière sous l’impression du chagrin et de la crainte, car le lendemain matin en m’éveillant, mon premier mouvement fut de tâter mon lit et de regarder autour de moi, pour être certain qu’on ne m’avait pas emporté.

Pendant toute la matinée, Barberin ne me dit rien, et je commençai à croire que le projet de m’envoyer à l’hospice était abandonné. Sans doute mère Barberin avait parlé ; elle l’avait décidé à me garder.

Mais comme midi sonnait, Barberin me dit de mettre ma casquette et de le suivre.

Et je n’avais plus qu’à le suivre.

Ce fut ainsi que nous entrâmes dans le village, et tout le monde sur notre passage se retourna pour nous voir passer, car j’avais l’air d’un chien hargneux qu’on mène en laisse.

Comme nous passions devant le café, un homme qui se trouvait sur le seuil appela Barberin et l’engagea à entrer.

Celui-ci me prenant par l’oreille me fit passer devant lui, et quand nous fûmes entrés il referma la porte.

Que faisait-on là dedans ? Que se passait-il derrière ses rideaux rouges ?

J’allais donc le savoir.

Tandis que Barberin se plaçait à une table avec le