Page:Malot - Sans famille, 1902.djvu/40

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Disant cela il ouvrit sa peau de mouton, et prit dans sa main un animal étrange qu’il tenait sous son bras gauche serré contre sa poitrine.

C’était cet animal qui plusieurs fois avait fait soulever la peau de mouton ; mais ce n’était pas un petit chien comme je l’avais pensé.

Elle était vêtue d’une blouse rouge bordée d’un galon doré, mais les bras et les jambes étaient nus, car c’étaient bien des bras et des jambes qu’elle avait et pas des pattes : seulement ces bras et ces jambes étaient couverts d’une peau noire, et non blanche ou carnée.

Noire aussi était la tête grosse à peu près comme mon poing fermé ; la face était large et courte, le nez était retroussé avec des narines écartées, les lèvres étaient jaunes ; mais ce qui plus que tout le reste me frappa, ce furent deux yeux très rapprochés l’un de l’autre, d’une mobilité extrême, brillants comme des miroirs.

– Ah ! le vilain singe ! s’écria Barberin.

Ce mot me tira de ma stupéfaction, car si je n’avais jamais vu des singes, j’en avais au moins entendu parler ; ce n’était donc pas un enfant noir que j’avais devant moi, c’était un singe.

– Voici le premier sujet de ma troupe, dit Vitalis, c’est M. Joli-Cœur. Joli-Cœur, mon ami, saluez la société.