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Page:Malot - Sans famille, 1902.djvu/39

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Enfin à qui s’adresseront-ils, ces parents, si jamais ils paraissent ? à vous, n’est-ce pas, et non à moi qu’ils ne connaissent pas ?

– Et si c’est vous qui les retrouvez.

– Alors convenons que s’il a des parents un jour, nous partagerons le profit, et je mets trente francs.

– Mettez-en quarante.

– Non, pour les services qu’il me rendra, ce n’est pas possible.

– Et quels services voulez-vous qu’il vous rende ? Pour de bonnes jambes, il a de bonnes jambes, pour de bons bras, il a de bons bras, je m’en tiens à ce que j’ai dit, mais enfin à quoi le trouvez-vous propre ?

Le vieillard regarda Barberin d’un air narquois et vidant son verre à petits coups :

– À me tenir compagnie, dit-il ; je me fais vieux et le soir quelquefois après une journée de fatigue, quand le temps est mauvais, j’ai des idées tristes ; il me distraira.

– Il est sûr que pour cela les jambes seront assez solides.

– Mais pas trop, car il faudra danser, et puis sauter, et puis marcher, et puis après avoir marché, sauter encore ; enfin il prendra place dans la troupe du signor Vitalis.

– Et où est-elle cette troupe ?

– Le signor Vitalis c’est moi, comme vous devez vous en douter ; la troupe, je vais vous la montrer, puisque vous désirez faire sa connaissance.