Page:Malot - Sans famille, 1902.djvu/44

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yeux, Vitalis me frappa doucement du bout du doigt sur la joue.

– Allons, dit-il, l’enfant comprend puisqu’il ne crie pas, la raison entrera dans cette petite tête, et demain…

– Oh ! monsieur, m’écriai-je ; laissez-moi à maman Barberin, je vous en prie !

Mais avant d’en avoir dit davantage, je fus interrompu par un formidable aboiement de Capi.

En même temps le chien s’élança vers la table sur laquelle Joli-Cœur était resté assis.

Celui-ci, profitant d’un moment où tout le monde était tourné vers moi, avait doucement pris le verre de son maître, qui était plein de vin, et il était en train de le vider. Mais Capi, qui faisait bonne garde, avait vu cette friponnerie du singe, et, en fidèle serviteur qu’il était, il avait voulu l’empêcher.

– Monsieur Joli-Cœur, dit Vitalis, d’une voix sévère, vous êtes un gourmand et un fripon ; allez vous mettre là-bas, dans le coin, le nez tourné contre la muraille, et vous, Zerbino, montez la garde devant lui ; s’il bouge, donnez-lui une bonne claque. Quant à vous, monsieur Capi, vous êtes un bon chien ; tendez-moi la patte que je vous la serre.

Tandis que le singe obéissait en poussant des petits cris étouffés, le chien, heureux, fier, tendait la patte à son maître.

– Maintenant, continua Vitalis, revenons à nos affaires. Je vous donne donc trente francs.

– Non, quarante.