Page:Malot - Sans famille, 1902.djvu/45

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Une discussion s’engagea ; mais bientôt Vitalis l’interrompit :

– Cet enfant doit s’ennuyer ici, dit-il ; qu’il aille donc se promener dans la cour de l’auberge et s’amuser.

En même temps il fit un signe à Barberin.

– Oui, c’est cela, dit celui-ci, va dans la cour, mais n’en bouge pas avant que je t’appelle, ou sinon je me fâche.

Je n’avais qu’à obéir.

J’allai donc dans la cour, mais je n’avais pas le cœur à m’amuser. Je m’assis sur une pierre et restai à réfléchir.

C’était mon sort qui se décidait en ce moment même. Quel allait-il être ? Le froid et l’angoisse me faisaient grelotter.

La discussion entre Vitalis et Barberin dura longtemps, car il s’écoula plus d’une heure avant que celui-ci vînt dans la cour.

Enfin je le vis paraître : il était seul. Venait-il me chercher pour me remettre aux mains de Vitalis ?

– Allons, me dit-il, en route pour la maison.

La maison ! Je ne quitterais donc pas mère Barberin ?

J’aurais voulu l’interroger, mais je n’osai pas, car il paraissait de fort mauvaise humeur.

La route se fit silencieusement.

Mais environ dix minutes avant d’arriver, Barberin qui marchait devant s’arrêta :

– Tu sais, me dit-il en me prenant rudement par