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Page:Malot - Sans famille, 1902.djvu/51

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– Dans les comédies ils en ont. Tu arrives donc, et M. Joli-Cœur trouve que tu as l’air d’un imbécile.

– Ce n’est pas amusant, cela.

– Qu’est-ce que cela te fait, puisque c’est pour rire ? D’ailleurs, figure-toi que tu arrives véritablement chez un monsieur pour être domestique et qu’on te dit, par exemple, de mettre la table. Précisément en voici une qui doit servir dans notre représentation. Avance et dispose le couvert.

Sur cette table, il y avait des assiettes, un verre, un couteau, une fourchette et du linge blanc.

Comment devait-on arranger tout cela ?

Comme je me posais ces questions, et restais les bras tendus, penché en avant, la bouche ouverte, ne sachant par où commencer, mon maître battit des mains en riant aux éclats.

– Bravo, dit-il, bravo, c’est parfait. Ton jeu de physionomie est excellent. Le garçon que j’avais avant toi prenait une mine futée et son air disait clairement : "Vous allez voir comme je fais bien la bête", tu ne dis rien, toi, tu es, ta naïveté est admirable.

– Je ne sais pas ce que je dois faire.

– Et c’est par là précisément que tu es excellent. Demain, dans quelques jours, tu sauras à merveille ce que tu devras faire. C’est alors qu’il faudra te rappeler l’embarras que tu éprouves présentement, et feindre ce que tu ne sentiras plus. Si tu peux retrouver ce jeu de physionomie et cette attitude, je te prédis le plus beau succès. Qu’est ton personnage