Page:Malot - Sans famille, 1902.djvu/61

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en répondant chapeau bas à l’agent de police, peut-il me montrer un règlement émanant de ladite autorité, par lequel il serait interdit à d’infimes baladins tels que nous d’exercer leur chétive industrie sur cette place publique ?

L’agent répondit qu’il n’y avait pas à discuter, mais à obéir.

– Assurément, répliqua Vitalis, et c’est bien ainsi que je l’entends ; aussi je vous promets de me conformer à vos ordres aussitôt que vous m’aurez fait savoir en vertu de quels règlements vous les donnez.

Ce jour-là, l’agent de police nous tourna le dos tandis que mon maître, le chapeau à la main, le bras arrondi et la taille courbée, l’accompagnait en riant silencieusement.

Mais il revint le lendemain et, franchissant les cordes qui formaient l’enceinte de notre théâtre, il se jeta au beau milieu de notre représentation.

– Il faut museler vos chiens, dit-il durement à Vitalis.

– Museler mes chiens !

– Il y a un règlement de police ; vous devez le connaître.

Nous étions en train de jouer le Malade purgé, et comme c’était la première représentation de cette comédie à Toulouse, notre public était plein d’attention.

L’intervention de l’agent provoqua des murmures et des réclamations.

– N’interrompez pas !