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Page:Malot - Sans famille, 1902.djvu/85

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étreinte et revenant à madame Milligan, je me mis à genoux devant elle, et lui baisai la main.

– Pauvre enfant ! dit-elle en se penchant sur moi.

Et elle m’embrassa au front.

Alors je me relevai vivement et courant à la porte :

– Arthur, je vous aimerai toujours ! dis-je d’une voix entrecoupée par les sanglots, et vous, madame, je ne vous oublierai jamais !

– Rémi, Rémi ! cria Arthur.

Mais je n’en entendis pas davantage ; j’étais sorti et j’avais refermé la porte.

Une minute après, j’étais auprès de mon maître.

– En route ! me dit-il.

Et nous sortîmes de Cette par la route de Frontignan.

Ce fut ainsi que je quittai mon premier ami et me lançai dans des aventures qui m’auraient été épargnées, si victime d’un odieux préjugé je ne m’étais pas laissé affoler par une sotte crainte.


VIII

NEIGE ET LOUPS

[The troup starts out anew, travelling on from Cette to Avignon, Lyon, Dijon. Between Châtillon and Troyes, a distance of about thirteen miles, being overtaken by a heavy snowstorm, they are compelled to seek shelter in an abandoned hut. They make a fire and take turns in keeping it up. Remi is on duty. Vitalis is asleep.]

Mon maître dormait tranquillement ; les chiens et Joli-Cœur dormaient aussi, et du foyer avivé s’élevaient