Aller au contenu

Page:Malot - Sans famille, 1902.djvu/89

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Ah ! oui, pourquoi ? Je n’avais pas de réponse à donner.

– Il faut les chercher, dis-je.

Je passai devant ; mais Vitalis m’arrêta.

– Et où veux-tu les chercher ? dit-il.

– Je ne sais pas, partout.

– Comment nous guider au milieu de l’obscurité, et dans cette neige ?

En effet, la neige nous montait jusqu’à mi-jambe, et ce n’étaient pas nos deux tisons qui pouvaient éclairer les ténèbres.

– S’ils n’ont pas répondu à mon appel, c’est qu’ils sont… bien loin, dit-il ; et puis, il ne faut pas nous exposer à ce que les loups nous attaquent nous-mêmes ; nous n’avons rien pour nous défendre.

C’était terrible d’abandonner ainsi ces deux pauvres chiens, ces deux camarades, ces deux amis, pour moi particulièrement, puisque je me sentais responsable de leur faute ; si je n’avais pas dormi, ils ne seraient pas sortis.

Mon maître s’était dirigé vers la hutte et je l’avais suivi, regardant derrière moi à chaque pas et m’arrêtant pour écouter ; mais je n’avais rien vu que la neige, je n’avais rien entendu que les craquements de la neige.

Dans la hutte, une surprise nouvelle nous attendait ; en notre absence, les branches que j’avais entassées sur le feu s’étaient allumées, elles flambaient jetant leurs lueurs dans les coins les plus sombres.

Je n’aperçus pas Joli-Cœur.