Page:Malot - Sans famille, 1902.djvu/92

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Quelle espérance raisonnable de le retrouver pouvions-nous avoir ?

Qui pouvait savoir si le jour n’allait pas nous ramener la neige ?

Il ne la ramena pas ; le ciel, au lieu de se couvrir comme la veille, s’emplit d’une lueur rosée qui présageait le beau temps.

Aussitôt que la clarté froide du matin eut donné aux buissons et aux arbres leurs formes réelles, nous sortîmes. Vitalis s’était armé d’un fort bâton et j’en avais pris un pareillement.

Capi ne paraissait plus être sous l’impression de frayeur qui l’avait paralysé pendant la nuit ; les yeux sur ceux de son maître, il n’attendait qu’un signe pour s’élancer en avant.

Comme nous cherchions sur la terre les empreintes de Joli-Cœur, Capi leva la tête et se mit à aboyer joyeusement ; cela signifiait que c’était en l’air qu’il fallait chercher, et non à terre.

En effet, nous vîmes que la neige qui couvrait notre cabane avait été foulée jusqu’à une grosse branche penchée sur notre toit.

Nous suivîmes des yeux cette branche, qui appartenait à un chêne, et tout au haut de l’arbre, blottie dans une fourche, nous aperçûmes une petite forme de couleur sombre.

C’était Joli-Cœur : effrayé par les hurlements des chiens et des loups, il s’était élancé sur le toit de notre hutte, quand nous étions sortis, et de là il avait grimpé au haut du chêne, où, se trouvant