Page:Malot - Sans famille, 1902.djvu/94

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Je le suivis sur cette branche ; mais les hommes, hélas ! et même les gamins, sont très inférieurs aux singes pour courir dans les arbres.

Aussi est-il bien probable que je n’aurais jamais pu atteindre Joli-Cœur, si la neige n’avait pas couvert les branches ; mais comme cette neige lui mouillait les mains et les pieds, il fut bientôt fatigué. Alors, dégringolant de branches en branches, il sauta d’un bond sur les épaules de son maître, et se cacha sous la veste de celui-ci.

C’était beaucoup d’avoir retrouvé Joli-Cœur, mais ce n’était pas tout : il fallait maintenant chercher les chiens.

Nous arrivâmes en quelques pas à l’endroit où nous étions déjà venus dans la nuit.

Maintenant qu’il faisait jour, il nous fut facile de deviner ce qui s’était passé : la neige gardait imprimée en creux l’histoire de la mort des chiens.

En sortant de la cabane l’un derrière l’autre, ils avaient longé les fagots, et nous suivions distinctement leurs traces pendant une vingtaine de mètres ; puis ces traces disparaissaient. Alors, on voyait d’autres empreintes : d’un côté, celles qui montraient par où les loups, en quelques bonds allongés, avaient sauté sur les chiens ; et de l’autre, celles qui disaient par où ils les avaient emportés après les avoir boulés. De traces des chiens, il n’en existait plus, à l’exception d’une traînée rouge qui çà et là ensanglantait la neige.

Il n’y avait plus maintenant à poursuivre nos recherches plus loin : les deux pauvres chiens avaient