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Page:Malte-Brun - la France illustrée tome I.djvu/119

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CV
INTRODUCTION

Conservatoire des Arts et Métiers, à Paris.

Conservatoire des Arts et Métiers, à Paris.


bientôt sur les deux rives du Rhône et le long des côtes occidentales voisines de l’Espagne. Le degré d’industrie agricole qui appartient en propre à la race gauloise est très difficile à caractériser, comme tout ce qui remonte à cette période si peu connue. La diversité des nations répandues sur ce territoire ajoute encore à cette confusion et à cette obscurité non moins que les différences de température entre la brumeuse Bretagne, le Jura aux sommets neigeux et les plaines brûlées de la Provence. Si l’on en croit Pline et Palladius, on peut attribuer aux Gaulois une certaine habileté à créer des engrais artificiels, l’usage de marner les terres, l’invention d’une machine à récolter et la fabrication de certaines boissons : hydromel, bière, peut-être le cidre et le vin. En agriculture comme dans le reste, l’invasion romaine apporta son contingent au progrès ; à dater de cette époque, d’ailleurs, nous avons des notions plus positives. La Septimanie est renommée pour la qualité de ses salaisons ; les Morins ont, comme on dirait aujourd’hui, une spécialité que les historiens constatent : ils exportent pour la table des riches Romains des oies grasses, qui, hélas ! ne doivent plus sauver le Capitole. Il n’est pas jusqu’aux succulentes et monstrueuses asperges des Gaules dont ne fassent une mention particulière les Brillat-Savarin du temps.

On peut juger par ces détails du développement qu’avaient dû prendre les branches plus importantes de l’agriculture. Les nécessités stratégiques de l’occupation romaine avaient amené de nombreux défrichements ; la construction des camps, des villes nouvelles avait entraîné souvent l’érection de ces aqueducs monumentaux dont la culture sut bientôt tirer parti. Les premiers desséchements des marais, l’établissement de canaux d’irrigation datent de cette même époque ; sur beaucoup de points, le sol s’amende, se transforme. Le paysan gaulois, avec cette finesse qui a traversé tant de

France illustrée
Introduction, 14e Liv.