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Page:Malte-Brun - la France illustrée tome I.djvu/135

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CXXI
INTRODUCTION

vrir pour la France ; on avait découvert le nouveau monde, la nouvelle route de l’Orient par le cap de Bonne-Espérance était trouvée, et cette révolution dépossédait Venise et Gênes d’un monopole si longuement et si richement exploité.

Séance de l’Académie.

Séance de l’Académie.

La France n’était pas prête ; elle avait à se constituer, à s’organiser au dedans avant de se répandre au dehors ; elle laissa le champ libre aux entreprises de l’Espagne, du Portugal, de la Hollande et de l’Angleterre. Ce n’est pas toutefois dans un sens trop absolu qu’il faut comprendre cette inaction que nous déplorons ici ; mais constatons une fois de plus que, dans ce grand mouvement commercial et industriel qui entraîne l’Europe pendant le xvie et le xviie siècle, la France reste dans un rang secondaire. Tous les motifs que nous avons donnés pour expliquer notre infériorité industrielle sont applicables à la stagnation du commerce pendant la même époque. On se ferait à peine une idée des innombrables entraves qui garrottaient encore le commerce en 1789, après deux siècles d’une civilisation si avancée, après tant de lumières répandues par les sciences, après tant d’éclat jeté par les arts, les lettres et la philosophie.

Les transports étaient d’une cherté extrême et d’une lenteur désespérante : de Paris à Rouen, le coche, diligence des gens pressés, ne partait que deux fois par semaine et couchait deux nuits en route ; un bateau de marchandises pour descendre d’Orléans à Nantes avait plus de trente droits différents à acquitter ; la diversité des coutumes rendait les procès ruineux et interminables ; enfin les préjugés administratifs étaient tels, que, depuis Colbert, le gouvernement actuel ne semblait voir dans le commerce qu’une source d’impôts et une matière à règlements.


§ III. C’est cet état de choses qu’a remplacé le régime actuel ; s’il prête encore à quelques critiques, on ne saurait nier du moins l’immensité du progrès. La France a repris sa place au premier

France illustrée
Introduction, 16e Liv.