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LA FRANCE ILLUSTRÉE

compagnie de gendarmerie départementale appartient à la 2e légion, dont le chef-lieu est à Amiens. La Fère possède une direction, une école d’artillerie et un arsenal de construction. Soissons et Laon sont des places de guerre, l’une de 1re, l’autre de 2e classe ; La Fère, Guise et Vervins de 3e classe.

Le département appartient à l’arrondissement minéralogique de Paris, qui dépend de la région du Nord ; à la 2e inspection divisionnaire des ponts et chaussées (Lille), et à la 7e conservation forestière (Douai).

Hirson a une inspection et un bureau des douanes. Il y a aussi des bureaux de douane à Saint-Michel, à Mondrepuis, à Buire, à Neuve-Maison, à Wattigny, à La Capelle, à Bellevue et à Vervins ; tous ces bureaux dépendent de la direction des douanes de Charleville.

Il y a dans l’Aisne 104 perceptions des finances ; les contributions et revenus publics atteignent 42,000,000 de francs.



HISTOIRE DU DÉPARTEMENT.

Le territoire dont a été formé le département de l’Aisne était occupé, avant la conquête romaine, par diverses peuplades, qui ont laissé leur nom aux provinces, ultérieurement constituées dans le royaume de France. Le pays habité par les Suessiones est devenu le Soissonnais. Le Laonnais est l’ancienne patrie des Lauduni, de même que le Vermandois et le Noyonnais étaient originairement les contrées où vivaient les Veromandui et les Novioduni. Si nous ajoutons la Thiérache à ces divisions primitives, si nous rappelons que, dans la répartition territoriale des grandes provinces, le Noyonnais et le Laonnais furent incorporés à l’Île-de-France, pendant que le Vermandois, la Thiérache et le Soissonnais continuaient à faire partie de la Picardie, le lecteur comprendra qu’il n’y a pas d’unité à espérer dans l’histoire générale du département, et qu’après avoir mentionné succinctement les faits principaux qui affectèrent la contrée dans son ensemble, nous avons dû consacrer nos recherches à l’histoire spéciale des villes qui furent chacune, et pendant longtemps, le centre et la capitale d’une petite province. Après avoir pris part à la grande lutte nationale contre les Romains, les Suessiones s’allièrent avec ces mêmes Romains contre les Belges et contribuèrent à la victoire que Jules César remporta sur eux à Bibrax ; ce qui fit que cette partie de la Gaule fut traitée par les Romains moins en pays conquis qu’en alliée. Les villes furent embellies, des temples et des monuments d’utilité publique furent élevés ; des routes dont il reste encore des traces furent construites. Aussi, plus qu’aucun autre de la Gaule, ce pays semble-t-il s’être absorbé dans l’unité du monde romain ; il avait été compris, sous le règne d’Honorius, dans la seconde Belgique.

Quand les hordes barbares se ruèrent sur la Gaule, les Romains trouvèrent, sur les bords de l’Aisne, des alliés dévoués et courageux, qui les assistèrent vaillamment dans leurs efforts pour repousser l’ennemi commun ; les Suessiones et les Lauduni se signalèrent dans la résistance victorieuse qui fut opposée à l’invasion des Vandales en 407 ; mais moins d’un siècle plus tard, en 486, la fortune imposa de nouveaux maîtres à la Gaule ; les plaines de Soissons virent la défaite de Syagrius, le dernier représentant de la domination romaine, et la victoire des Francs commandés par Clovis.

À la mort de ce prince, dans le partage de ses États, le Soissonnais forma, de 511 à 558, un royaume indépendant qui se confondit ensuite dans celui de Clotaire Ier. Chilpéric, un de ses fils, eut à son tour le Soissonnais en héritage et prit le titre de roi de Soissons. Chez tous les princes de la première race, jusqu’à Louis d’Outre-mer, qui, en 936 fixe sa résidence à Laon, nous trouvons une prédilection marquée pour cette contrée, soit que l’importance des villes les désignât alors comme places stratégiques ou sièges d’administration, soit que le caractère des habitants se fût concilié la faveur des nouveaux maîtres, comme il avait auparavant conquis les sympathies romaines ; du Cange constate que, pendant cette période, le pays resta inféodé au domaine de la couronne et fit constamment partie de ce qu’on appelait proprement la France. Le seul fait militaire qui se rattache à cette époque est une victoire de Carloman sur les Normands, remportée en 833, et dont les bords de l’Aisne furent le théâtre ; victoire qui fut suivie d’un traité de paix signé à Vailly.

C’est seulement après Charlemagne, et par suite des prodigieux accroissements de l’empire franc, que le gouvernement des villes et provinces fut confié à des comtes ou barons, d’où descendirent la plupart des dynasties féodales ; toutefois, les comtes du Vermandois étaient de la race du grand empereur.

En même temps que se consolidait et s’étendait