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Page:Malte-Brun - la France illustrée tome I.djvu/47

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HISTOIRE GÉNÉRALE DE LA FRANCE


GAULE ANCIENNE

LES GAULOIS.

La Gaule était primitivement occupée par trois grands peuples : les Belges au nord, entre la Seine, la Marne, le Rhin et la mer ; les Celtes ou Gaëls, entre la Seine et la Garonne ; les Aquitains (Ibères), au sud de la Garonne. Toutes les tribus celtiques et belges avaient des coutumes et une organisation à peu près semblables. Leur langue, le celtique, se retrouve encore dans notre bas-breton. Leur gouvernement était en partie théocratique. Les druides, leurs prêtres, formaient un vaste corps qui exerçait sur leurs affaires la plus grande influence. Leurs temples étaient les forêts ou bien ces étranges enceintes de rocs énormes (menhirs) dont on trouve des traces dans toute la France, mais surtout en Bretagne ; leurs autels, les dolmens, étaient arrosés du sang des victimes humaines. « Ils pensent, dit César, que les dieux ne peuvent être apaisés qu’à ce prix ; ils ont même institué des sacrifices publics en ce genre. Ils ont quelquefois des mannequins d’une grandeur immense et tissus en osier, dont ils remplissent l’intérieur d’hommes vivants ; ils y mettent le feu et font expirer leurs victimes dans les flammes. » À côté de la caste des druides était celle des nobles ou des principaux guerriers qui s’étaient fait remarquer par quelque action d’éclat.

Les Gaulois étaient vaillants et belliqueux ; leurs expéditions en Italie les rendirent longtemps l’effroi des Romains : « Race indomptable, disaient ceux-ci, qui fait la guerre non seulement aux hommes, mais à la nature et aux dieux. Ils lancent des flèches contre le ciel quand il tonne ; ils prennent les armes contre la tempête ; ils marchent, l’épée à la main, au-devant des fleuves débordés ou de l’Océan en courroux. » Les Romains prirent à leur tour l’offensive ; les divisions des Gaulois leur ouvrirent le pays. Les rives de la Méditerranée, déjà occupées par les Grecs, furent d’abord conquises et formèrent la Province narbonnaise. Puis César soumit en huit campagnes le reste de la Gaule. Ce ne fut pas sans éprouver une résistance héroïque. Vercingétorix, fils de Celtill, roi des Arvernes, choisi pour chef par les autres peuples gaulois, se montra pendant la guerre de l’indépendance le digne adversaire de César, qu’il eut la gloire de forcer à la retraite devant les murs de Gergovie ; mais enfin, retranché avec son armée dans Alésia, il dut, après un siège mémorable, se livrer à César (52 avant J.-C.) ; le sort de la Gaule était alors décidé.



DOMINATION ROMAINE. — CHRISTIANISME.

La Gaule demeura cinq siècles sous la domination de Rome, qui la transforma par la puissance de sa civilisation. Auguste la divisa en quatre provinces et soixante cités ; au ive siècle, une disposition nouvelle la partagea en dix-sept provinces et cent vingt cités. Les forêts druidiques tombèrent sous la hache ; les villes s’augmentèrent, s’embellirent, se multiplièrent ; les routes sillonnèrent les parties les plus reculées du pays ; des arcs de triomphe, des temples, des cirques ornèrent les cités les plus considérables, surtout dans le Midi ; des écoles célèbres s’élevèrent à Bordeaux, Lyon, Vienne, Autun ; les Gaulois y brillèrent et donnèrent à la littérature latine un glorieux contingent de poètes et de savants. Le commerce et l’industrie enrichirent le pays jusqu’au jour où les vices du gouvernement impérial amenèrent la misère à la suite de la richesse. Les champs se dépeuplèrent, la culture cessa, les pauvres citoyens de la Gaule, réduits au désespoir par la tyrannie du fisc, se révoltèrent, au ive siècle, sous le nom de Bagaudes, et parcoururent le pays comme plus tard les Jacques. Du côté du Rhin, les barbares entamaient déjà la frontière et les Francs Saliens s’établissaient sur les bords de la Meuse. Enfin, unerévolution religieuse achevait d’ébranler la constitution de l’empire : le christianisme réparateur et consolateur avait tout envahi ; il avait pénétré, dès le iie siècle, dans le midi de la Gaule, et, au iiie, dans les contrées du centre et du nord.

« La Gaule, déjà préparée par les doctrines druidiques, reçut avidement le christianisme ; elle sembla se reconnaitre et trouver son bien. Nulle part il ne compta plus de martyrs. Le Grec d’Asie saint

FRANCE ILLUSTRÉE
Introduction, 5e Liv.