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au maître du poste : « Qu’est-ce que vous faites de ce Michet que je vous ai amené de la Silleraye ?

— J’en fais un très bon garçon d’écurie dont tout le monde est content, les gens comme les bêtes.

— Mon vieux, j’ai besoin de lui pour quelques jours ; cela vous gênera-t-il de me le prêter ?

— Cela me gênera certainement ; mais, pour vous être agréable, on saura se gêner un peu. L’emmenez-vous tout de suite ?

Et en effet il fut prêt.

« Monte à côté de moi, » lui dit M. Pichon sans autre explication. Michet monta à côté de lui, mais, au moment où il allait s’asseoir, M. Pichon s’écria : « Ne t’assieds pas encore, j’ai quelque chose à prendre dans le coffre. » Michet se tint debout, fort mal à l’aise, et se cramponnant à la tringle de fer pour n’être pas précipité sur le pavé. M. Pichon prit dans le coffre ce qu’il avait à y prendre ; il se trouva que c’était un objet circulaire, présentant l’apparence d’une brioche enveloppée dans un journal.

« Assieds-toi maintenant ! »

Michet s’assit, M. Pichon s’assit, les chevaux partirent ; M. Pichon tenait sa brioche sur ses genoux.

« Qu’est-ce que tu as là sur la tête ? demanda M. Pichon.

— C’est ma casquette, répondit Michet d’un air ahuri.

— Ça une casquette ! allons donc ! c’est une gibecière, c’est un cabas, c’est tout ce que l’on voudra. » D’un geste rapide, M. Pichon saisit la casquette de Michet et la lança dans un champ par-dessus une haie.

Michet se demanda si l’homme qui était assis à côté de lui n’était