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qui ne soit pas tout nu, sans éprouver le sentiment pénible qu’inspire toujours la vue d’un malheureux caniche affublé d’un costume de marquis ; et quand j’aperçois une négresse vêtue d’autre chose que d’un anneau dans le nez, je me sens pris, instinctivement, de ce mouvement de compassion qu’on a pour les guenons qui, dans les cirques, figurent sur la corde roide, en costume de danseuse.



établissement armour. — le dépeçage.


Nous sommes reçus à la porte par un mulâtre, jaune comme un citron. Il nous a introduits dans une immense pièce où des centaines de consommateurs dévorent à la hâte leur réfection. Je ne dis pas dîner, parce que, dans ce pays, je ne me reconnais jamais dans les repas. Il y a deux salles à manger. La première s’ouvre de six heures du matin à neuf heures. On vous sert des viandes froides, des œufs, du café, et cela s’appelle le déjeuner. De neuf heures à deux heures, on peut se faire servir un grand dîner dans une autre salle. De deux à cinq, on revient dans la première pour le luncheon. De cinq heures à minuit et demi, c’est le tour du souper. À tous ces repas, les menus sont aussi copieux que ceux du Fifth Avenue. Maintenant que l’expérience nous est venue, nous nous tirons d’affaire très bien. Quand nous nous asseyons, on nous sert d’abord les fraises et la crème, sans lesquelles on ne peut pas commencer un repas. Nous avons