CHAPITRE PREMIER.
18 septembre. — À cinq heures, je suis réveillé par le conducteur nègre du pullman-car dont je suis l’hôte depuis quarante-huit heures. Le jour se lève. Un coup d’œil jeté à travers la portière qui s’ouvre à la tête de mon lit nous montre l’éternelle prairie que nous n’avons pas quittée depuis Chicago. Cependant l’approche des montagnes Noires modifie son aspect. Ce n’est plus cette immense plaine, verte au printemps, jaune en automne, formant autour de l’œil un cercle parfait dont la circonférence se découpe sur le ciel avec une régularité si absolue, qu’on se croirait sur le pont d’un navire. Depuis dix-huit mois, ce nouveau chemin de fer, le Fremont-Elkhorn et Missouri-Valley-Railroad, a fini par atteindre le pied des Black-Hills malgré le long détour qu’il lui a fallu faire pour éviter la réserve indienne des Sioux. Cette nuit, venant de l’Est, nous sommes entrés dans le désert d’Alcali, et main-