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la brèche aux buffles.

couvertes, il en est, comme la strychnine et la dynamite, par exemple, qui n’ont contribué en rien au bonheur de l’humanité, et de la seconde, qu’il n’est pas bien prouvé qu’elle rende de bien grands services à l’espèce humaine, en général, en faisant vivre quand même une foule de bossus, de rachitiques et de malingreux, maldonnes de la nature que, si elle était laissée à elle-même, elle s’empresserait de faire disparaître, pour leur plus grand bien comme pour celui de l’espèce en général.

Il y a une troisième science, au contraire, qui a droit à toutes nos sympathies, car elle s’est toujours consacrée uniquement au bonheur de l’humanité. Elle procède de la première, et de toutes ses applications, c’est assurément la plus ancienne, comme la plus utile. Elle est l’auxiliaire le plus précieux de la seconde ; elle embellit notre existence. Voilà ses titres pour les utilitaires. Pour les patriotes, elle en a encore un autre : c’est la science française par excellence. Tous les peuples s’inclinent devant la supériorité de notre école, car c’est chez nous seulement que ses professeurs, s’élevant au-dessus des préceptes d’une routine vulgaire, ont fait une science de ce qui, partout ailleurs, n’est qu’une application confuse, et surtout indigeste, rudis et indigesta moles, de formules barbares et empiriques… Je pense qu’après cette tirade il est inutile d’ajouter que c’est de la cuisine que je parle.

Cet accès de lyrisme paraîtra peut-être à quelques-uns légèrement échevelé. Il était nécessaire, c’est là mon excuse, pour me ménager une transition, afin de présenter au lecteur le cinquième membre de la caravane que j’ai amenée à Buffalo-Gap, sans blesser la susceptibilité des autres. Ce cinquième membre n’est