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Page:Mandat-Grancey La brèche aux buffles - 1889.djvu/250

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la brèche aux buffles.

de vingt ou trente milles ; mais cela serait plus prudent.

— C’est une bonne idée que vous avez là, Sam ! Voilà le temps qui se lève, il fait moins froid, j’ai envie d’aller avec vous !

All right, baron ! Attendez : je vais vous seller un cheval.

Quelques minutes après, nous galopons côte à côte, en descendant la vallée, dans la direction du Bear’s Cañon. Les Américains donnent ce nom, d’origine espagnole, à des sortes de crevasses, souvent d’une profondeur prodigieuse, qui se rencontrent de loin en loin dans la Prairie, ou du moins qui servent à la faire communiquer avec les massifs de montagnes qui ont surgi de son sein à différentes époques géologiques. C’est par elles que se fait le drainage des eaux de ces massifs. Ce qui leur donne un aspect très caractéristique, c’est que leurs bords sont généralement tellement à pic, qu’une fois qu’on y est entré, il est à peu près impossible d’en sortir autrement qu’en continuant jusqu’au bout ; à moins, bien entendu, de revenir sur ses pas. L’un de ces cañons, le Red Cañon, qui débouche à une quarantaine de milles d’ici, est une des curiosités du pays. Il a six ou sept lieues de long et une profondeur moyenne de deux à trois cents mètres. Le fond, assez large par endroits, est très marécageux. De distance en distance, on trouve de petits îlots de terre plus sèche, où l’herbe vient en abondance. Il arrive souvent, au moment des gelées, que des bœufs ou des chevaux égarés viennent sur ces îles pour y chercher leur nourriture. Si le dégel survient avant qu’ils en soient partis, ils ne peuvent plus s’en aller, tant les marais qui les entourent sont profonds, et on