Page:Mandat-Grancey La brèche aux buffles - 1889.djvu/26

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
11
la brèche aux buffles.

docteur C…, un des médecins les plus proéminents de France. Il a quitté le grand congrès médical de Washington pour venir étudier sur place les eaux minérales de ce pays-ci.

— Oh ! dit Flynn, vivement intéressé.

Au sud des Black-Hills, tous les ruisseaux de la Prairie ont une eau exécrable ; mais aucun n’est comparable, sous ce rapport, au Beever-Creek, qui coule à Buffalo-Gap. Son eau a toutes les propriétés de la source qui de nos jours a rendu si célèbre le nom des Hunyadi. Le bon Flynn se voit déjà l’associé du docteur, expédiant dans le monde entier des bouteilles étiquetées à son nom.

Right glad to see you, sir ! lui dit-il d’une voix émue. Hope you are well !

Et il se précipite sur la main du docteur, très étonné de cet accueil chaleureux.

— Justement, lui dis-je, le docteur est très fatigué : vous savez, les hommes d’un certain âge sont un peu les esclaves de leurs habitudes. Vous devriez me permettre de lui faire préparer quelque chose par mon cuisinier.

— Comment donc ! s’écria Flynn, mais toute la maison est à votre disposition.

Je n’en demandais pas davantage, et faisant signe à François, je me dirigeai avec lui vers la cuisine, un abominable petit appentis attenant à la maison. Au milieu, il y a un poêle en fonte, tout graisseux. Un nègre d’une saleté épouvantable découpait gravement avec un bowie-knife des tranches de viande sur un quartier de bœuf pendu au mur ; puis il les étalait à même sur la plaque du poêle, et au bout d’un instant les livrait à deux jeunes personnes qui les servaient