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la brèche aux buffles.

deux pieds de devant sont en l’air. En retombant sur le sol, ils s’engagent dans le nœud, qu’on resserre brusquement ; deux ou trois hommes s’attellent alors à la corde, l’animal fait des bonds énormes, interrompus quelquefois par une culbute complète ; puis il finit par tomber sur le flanc : mais il est impossible d’opérer de la sorte avec des trotteurs qui n’ont jamais qu’une jambe en l’air à la fois.

Heureusement, Raymond a, dans ce moment, un boy merveilleux. C’est un garçon d’une trentaine d’années, nommé Harvey, qui la réputation d’être le meilleur roper (jeteur de lasso) du pays. C’est lui qui nous a tirés d’affaire. Il a été vraiment étonnant. On faisait entrer chaque cheval, qui, effrayé, se mettait à trotter en rond autour du corral, cherchant une issue. Harvey, debout au centre, ne le quittait pas de l’œil. Il suffisait que l’animal fit une simple foulée de galop pour qu’il fût pris. Plusieurs fois même, ne pouvant pas trouver une seule irrégularité dans leur trot, il eut recours à un autre moyen. Il laçait un pied, puis, sans faire force sur le lasso, il attendait. Au bout d’un instant, le cheval s’arrêtait. Alors, d’un coup sec du poignet, il faisait une boucle par terre, devant l’animal, qui était pris du moment qu’il y mettait son second pied.

Comment de malheureuses bêtes, ainsi traitées, ne se cassent-elles pas les jambes ? Voilà ce que je ne comprendrai jamais. Il y en a qui sont tellement énergiques qu’elles se relèvent deux ou trois fois, bien qu’ayant les pieds de devant attachés, retombant par terre comme des masses. Cependant il n’y a presque jamais d’accident sérieux.

En général, et quoi qu’on en dise, les cow-boys se servent assez maladroitement de leurs lassos. Je n’en