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Page:Mandat-Grancey La brèche aux buffles - 1889.djvu/282

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la brèche aux buffles.

disparu, ce qui est bien heureux, car mes dernières journées au ranch ont été très occupées. Le matin, Raymond m’emmenait faire de longues courses à cheval. Cet été, un boy a découvert dans un petit vallon une source qu’on ne connaissait pas. Il va falloir y établir une petite maison et y défricher quelques ares de terre, sans quoi un fermier pourrait bien venir s’y établir. Il en est déjà venu huit ou dix qui se sont établis sur les bords du French-Creek, et leurs clôtures menacent d’en barrer le passage à nos animaux. Heureusement, les bords sont encore libres sur une longueur de près d’un mille. On va y établir un des boys qui occupera la place. Les chevaux de la nouvelle bande se montrent très tranquilles. Ils trouvent sans doute que l’herbe est meilleure ici qu’à leur ancien ranch. Un poulain de deux ans s’est fait écraser par une locomotive mais la compagnie paye sans trop se faire tirer l’oreille.

Pendant que Raymond, general menager, traite ces graves questions, ses camarades ne sont pas inactifs. On s’est laissé surprendre par les premiers froids : on ne sera pas surpris par les seconds. Tous les matins, Def… part pour la forêt avec deux hommes et trois chariots, et il en rapporte des troncs de sapin qui sont destinés à s’en aller en fumée à travers la cheminée. Toutes les forêts de ce pays-ci ont été brûlées à une époque quelconque ; et, à la suite de ces incendies, il reste toujours d’énormes souches hautes de dix ou quinze mètres, à moitié carbonisées, mais qui restent debout. Ce sont celles-là que l’on préfère pour le chauffage.

Pendant ce temps-là, M… prend très au sérieux ses fonctions de maîtresse de maison. Les sacs de farine