Aller au contenu

Page:Mandat-Grancey La brèche aux buffles - 1889.djvu/284

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
264
la brèche aux buffles.

qui me demandent de les emmener. Mais ce qu’il y a de plus curieux, c’est qu’ils commencent à faire des voyages pour leur propre compte. J’ai découvert cela l’autre jour.

Un de nos fermiers me faisait voir son écurie. On ne se figure pas, à moins de les avoir vues, ce que sont maintenant les écuries de certains fermiers percherons. Dans une seule ferme, près d’Alençon, on m’a montré une fois cent quatre-vingt-quinze chevaux, dont bien peu valaient moins de 3 000 francs. Le fermier a 42 000 francs de fermages, et il m’a avoué qu’il faisait chaque année de 15 000 à 20 000 francs de réclame dans les journaux de Chicago. Il a commencé avec presque rien et porte toujours la blouse. Un autre m’a avoué que, depuis qu’il fait ce métier, il avait déjà été obligé de donner plus de 200 000 francs de pourboires aux interprètes des Américains.

L’exploitation de maître Magloire F… est moins importante, cependant il a toujours en moyenne une trentaine de chevaux. Je fus donc assez surpris de voir beaucoup de stalles vides.

— Oh ! oh ! dis-je, il paraît, maître Magloire, que vous avez déjà livré bien des chevaux.

— Mais non, monsieur le baron je n’en avons mé point livré ! Je n’avons point pu nous entendre avec ces messieurs Américains ! Alors le gars Cénéry, — le gars Cénéry, c’est son fils, — le gars Cénéry, il a entendu dire que les chevaux se vendaient bien dans ce moment-ci, là-bas en Amérique, dans un pays dont je ne savions point le nom, mais j’allons vous le montrer : je l’avons par écrit ; il est parti, il y aura demain huit jours, avec six chevaux. Il pense revenir dans quatre ou cinq mois ! Ah ! il a ben de la sortie, le