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la brèche aux buffles.

et finalement, au bout de quelques jours, le malheureux se réveillait dans la prison de Deadwood pendant que le trésorier du comté réglait la forte note que lui présentait le député-shérif. Puis il reçut la visite d’un avocat, qui commença par se faire donner les quatorze poneys qui lui restaient, à titre de provision. Depuis ce temps jusqu’au moment où je l’ai vu, c’est-à-dire pendant deux ans, on ne s’est plus occupé de lui. Mais le juge qui m’a donné tous ces détails m’a dit qu’un jour ou l’autre on le pendrait probablement. En attendant, le shérif l’emploie à couper le bois qu’il brûle dans son poêle. Il faut convenir que ce pauvre diable doit avoir une bien singulière idée de la justice des blancs[1].

Mais je me suis laissé entraîner hors de mon sujet. J’en étais à parler du régime pénitentiaire dans les Black-Hills.

Je ne sais pas si les choses en sont toujours au même point à Deadwood ; à Rapid-City, on vient d’inaugurer une prison qui me semble bien ingénieuse. On entre dans une grande pièce haute de six ou sept mètres, au centre de laquelle un pivot vertical en fer supporte trois plaques de tôle horizontales, circulaires, de trois mètres de rayon environ, et éloignées l’une de l’autre d’à peu près autant. Des cloisons verticales également en tôle, allant du centre à la circonférence, forment six cellules à chaque étage. Cela a absolument

  1. Si quelque lecteur s’est intéressé aux aventures de l’infortuné Tue ses ennemis pendant la nuit, il apprendra sans doute avec plaisir que cet intéressant Gros-Ventre vient d’être relâché. Espérons que ses squaws lui seront restées fidèles. Il aura bien besoin d’elles pour porter son mobilier lors des déplacements de la tribu, car il ne lui reste plus un poney. (Décembre 1888.)