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Page:Mandat-Grancey La brèche aux buffles - 1889.djvu/307

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la brèche aux buffles.

Les ranchs consacrés à l’élevage et à l’importation des chevaux d’origine française commencent à être assez nombreux. Le plus important est dans le Colorado. Il a été fondé par MM. Dunham et Studebacker avec cinquante étalons percherons et trois mille juments du pays. Ces messieurs vendent à part les meilleurs de leurs poulains mâles comme étalons de demi-sang. Pour leurs autres produits, ils ont des marchés passés avec des compagnies de tramways ou d’omnibus qui les leur prennent, dit-on, au prix moyen de 125 dollars, environ 630 francs. La moyenne de l’ensemble doit probablement se rapprocher de 1 000 francs. Outre leur élevage, tous ces établissements ont des stations de vente pour les étalons qu’ils importent chaque année.

Depuis vingt ans, les Américains viennent acheter dans le Perche nos plus beaux reproducteurs. Jusqu’à présent, le chiffre de leurs achats a été constamment en augmentant. Pendant combien de temps cela va-t-il continuer ? Pouvons-nous espérer que cela durera longtemps, ou devons-nous craindre de voir cesser un commerce qui fait la fortune de toute une région ? Cette question offre évidemment le plus haut intérêt : je voudrais la traiter en quelques mots avant de terminer.

Les Américains sont très satisfaits du résultat que leur donne cette importation, cela est certain. Mais on peut objecter qu’ayant maintenant un très grand nombre de nos meilleurs étalons et de nos plus belles juments, ils chercheront à produire chez eux le pur sang et que, s’ils y parviennent, ils se dispenseront naturellement de revenir chez nous.

J’estime que nous n’avons pas à redouter cette éventualité. Prenez les chevaux européens les plus massifs : Clydesdales, Shires ou Percherons. Transportez-les en