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Page:Mandat-Grancey La brèche aux buffles - 1889.djvu/57

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la brèche aux buffles.

maïs et l’on élève des cochons. Seulement on en élève tant, que les prix sont tombés de 4 dollars les cent livres à 2dol.70 : or les connaisseurs affirment qu’au-dessous de 3 dollars le producteur ne gagne plus d’argent.

Rogers a deux ou trois cents moutons qui courent les coteaux du voisinage en pleine liberté pendant l’été, mais qu’il faut nourrir pendant l’hiver, et puis un troupeau de bœufs qui, eux, sont toujours en liberté. Il peut en vendre maintenant chaque année une douzaine, mais les prix sont bien bas. Un beau bœuf pesant mille ou douze cents livres ne vaut pas plus de trente dollars. Il valait presque le double il y a quatre ans. L’autre jour, Raymond A… a acheté pour le ranch, moyennant 50 dollars (250 fr.), deux vaches à lait superbes, dont l’une est prête à vêler et l’autre suivie de son veau.

En définitive, quelle est la situation de Rogers ? Combien vaut-il maintenant ? — pour employer l’expression usitée dans le pays.

Quand il est venu s’établir ici il y a six ans, il avait environ 3 000 dollars. Il est très travailleur et très économe. Dans les premières années, les prix était rémunérateurs, il a du faire de beaux bénéfices ; ce qui le prouve du reste, c’est qu’il a commencé, sur les instances de sa femme, à se bâtir une maison en planches ! un frame-house, pour remplacer l’ignoble log-house dans lequel ils vivent. Il commence même à s’apercevoir que cette construction le mène beaucoup plus loin qu’il ne l’aurait voulu. Il doit avoir maintenant beaucoup de peine à joindre les deux bouts. Quelque économe qu’on soit dans ce pays, il faut dépenser beaucoup d’argent : or le seul qu’il touche lui