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PRÉFACE


Les Américains ont assez mal pris les quelques plaisanteries, — bien anodines cependant, — que je m’étais permis de faire sur eux, tout en racontant aux lecteurs des Montagnes Rocheuses mes pérégrinations dans leur pays. Il n’y a qu’à lire leurs livres et leurs journaux pour savoir ce qu’ils pensent et ce qu’ils disent des étrangers en général et de nous en particulier ; mais ils ont l’épiderme particulièrement sensible et se fâchent volontiers quand ils soupçonnent qu’on a envie de leur rendre la pareille.

Telle n’a jamais du reste été ma pensée. J’ai toujours soutenu et je soutiendrai toujours que, touriste austère et consciencieux, je me borne à raconter ce que je vois, à répéter ce que j’entends, ou à décrire mes impressions, laissant à ceux qui me font l’honneur de lire mes récits le soin de tirer les conclusions que ces récits leur paraissent comporter. Si je puis prouver que ces conclusions sont éminemment favorables à l’Amérique et aux Américains, j’aurai donc prouvé que ces narrations, bien loin de cacher, sous les modestes fleurs littéraires dont je me suis efforcé de les orner, le crotale de la calomnie ou la vipère de la médisance,