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Page:Mandat-Grancey La brèche aux buffles - 1889.djvu/7

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viii
préface.

anguis in herba, — que mes narrations, dis-je, sont en réalité empreintes d’un amour profond pour les États-Unis et d’une admiration sincère pour leurs institutions ; amour et admiration à peine tempérés par quelques restrictions. Ouf ! voilà une phrase dont j’ai eu de la peine à sortir ; mais voilà ce que l’on peut appeler un syllogisme élégamment troussé !

Que les conclusions inspirées par lesdits récits à la masse de mes lecteurs aient été entièrement favorables à l’Amérique ; qu’elles lui aient même été infiniment plus favorables que je ne l’eusse cru, voilà ce dont je ne saurais douter, ayant reçu environ neuf cents (je dis neuf cents) lettres de personnes qui me déclaraient que les États-Unis en général et le Dakota en particulier, tels que je les leur décrivais, étaient bien décidément les pays de leurs rêves que c’était à moi qu’elles devaient cette révélation, et qu’elles m’en auraient une reconnaissance éternelle. À ces paroles flatteuses elles ajoutaient que, en vertu du grand principe « bienfait oblige », il était de mon devoir strict de leur découvrir dans le susdit pays une situation lucrative et agréable convenant aux aptitudes spéciales qu’elles se connaissaient et dont elles m’envoyaient l’énumération. Elles ajoutaient parfois des recommandations particulières. Un monsieur belge me confiait notamment qu’il était père de quatre jeunes filles, la première de dix-sept, la dernière de quatre ans. Il me demandait de lui trouver un emploi quelconque dans les montagnes Rocheuses. Mais n’ayant confiance, pour l’éducation