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la brèche aux buffles.

duisait des chevaux qui à trois ou quatre ans valaient 80 dollars en moyenne ; tandis que les demi-sang percherons valent le double au moins.

Je disais tout à l’heure qu’avec l’ancien système c’étaient les étalons qui se chargeaient eux-mêmes de tenir leur bande de juments, leur bunch, comme on dit ici, au complet. Maintenant ce sont les herders qui sont obligés de ramener les juments quand elles cherchent à s’éloigner, et il y en a qui sont d’une humeur tellement errante qu’elles compliquent singulièrement ce travail. Raymond me montrait hier son journal, où sont relatés les hauts faits de quelques-unes d’entre elles. C’est surtout au printemps que ces tendances se manifestent. Au mois de mai dernier, on a crevé six chevaux de selle en poursuivant des juments qui, tout à coup, — prises sans doute du mal du pays, — repartaient dans la direction du ranch d’où elles étaient venues l’année dernière, et qu’on ne parvenait à rattraper que lorsqu’elles avaient déjà fait deux ou trois cents kilomètres. L’histoire de l’une d’entre elles, Palamina, mérite d’être notée. Ramenée le 14 mai d’une distance de quarante kilomètres, elle poulinait au ranch le 15, repartait dans la nuit du 16, était retrouvée le 17 à quarante-cinq kilomètres et ramenée le 18. Son poulain avait donc fait quatre-vingt-dix kilomètres dans les deux jours qui ont suivi sa naissance, et il se porte à merveille !

Je donne tous ces détails pour faire comprendre combien est dur le métier que font les herders. Ils ont chacun six chevaux au moins réservés uniquement pour leur service. Si tout va bien, si aucun animal n’est signalé absent, ils sont de retour, comme je le disais plus haut, vers trois ou quatre heures. Mais