Page:Mangin, La force noire, Hachette, 1910.djvu/321

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

marins est absolument arriérée. Évidemment notre flotte recevra comme but immédiat d’assurer le passage de l’armée africaine, et on ne peut admettre qu’elle soit impuissante à atteindre ce but.

L’armée africaine formera donc quatre corps d’armée dans nos troupes de première ligne, plus deux divisions sénégalaises. Quarante mille noirs et environ 100 000 Arabes donneront donc comme troupes de choc dans cette première bataille qu’on prévoit à la fin de la troisième semaine de la guerre, et qui peut nous assurer la victoire définitive.

Mais tout en faisant les derniers efforts pour assurer le résultat de cette première bataille, où nos troupes noires peuvent jouer le rôle décisif, il ne faudrait pas considérer que nous serions irrémédiablement perdus si le sort des armes nous était une fois défavorable. Ce serait le plus dangereux des états d’esprit. Le succès final nous attend dans une lutte de longue durée, où la puissance du crédit, la maîtrise de la mer, l’entrée en ligne d’alliés lointains, nous procurent sans cesse des forces nouvelles. La Force Noire s’ajoutera à toutes les autres. Le nombre des formations sénégalaises augmentera rapidement avec celui des vétérans, et la rapidité de leur mobilisation avec la pénétration des voies ferrées en Afrique occidentale. 76 000 tirailleurs sous les drapeaux nous procurent 60 000 vétérans de trente à quarante ans ; les recrues instruites remplaceront les pertes. Dans les premiers mois, quand l’organisation battra son plein, c’est au moins 120 000 noirs qui entreront en ligne ; il faut leur ajouter les 90 000 ou 100 000 Arabes dont la garde noire de l’Algérie permet l’emploi : nous disposons donc de réserves