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si désirables en toute circonstance, a su par sa fermeté et son patriotisme assurer des concessions importantes de la part de ce gouvernement ; et, bien que quelques-unes aient été accordées depuis qu’elle s’est retirée du pouvoir, elles n’en sont pas moins pour la plus grande partie son ouvrage.

Une majorité puissante dans l’assemblée législative assurait un gouvernement ferme et modéré, concédant progressivement au parti qui l’avait porté au pouvoir les justes réformes qu’il sollicitait, et ralliant autour de lui par sa sagesse ceux même qui auraient pu redouter son action politique. Une confiance réciproque régnait entre le représentant de la Souveraine et ses conseillers constitutionnels, forts de l’appui des représentants du peuple ; enfin une harmonie parfaite existait entre les membres de cette administration. Ceux-ci, loin d’être uniquement préoccupés de rendre leur position collective et individuelle la plus durable possible (ce qui les aurait amenés à des sacrifices de principes d’un côté, et de l’autre à des intrigues personnelles dans le but de se supplanter les uns les autres), dès qu’ils ont vu que le successeur de sir Charles Bagot leur refusait le droit de consultation dans certaines affaires qu’il prenait sur lui de considérer comme n’étant point d’une importance suffisante, et avouait un antagonisme qui de sa part ne pouvait signifier rien autre chose qu’une détermination de se passer de leurs avis ; ces conseillers, disons-nous, ont, dès ce moment, fait le sacrifice de leur position collective comme administration, en offrant simultanément leur démission ; et ils ont tous, à l’exception d’un seul fait le sacrifice de leur position individuelle en persévérant dans cette démarche.

Les difficultés qui s’élevèrent entre le gouverneur et ses conseillers, dans le simple exposé des faits qui avaient été la cause de leur retraite, démontrèrent quel besoin ont ceux-ci, pour remplir fidèlement leur mandat, de la confiance entière de leurs constituants. Le gouverneur prétendait que ses conseillers avaient exigé de lui des stipulations inconstitutionnelles, qu’ils avaient émis la prétention de lui imposer leurs avis comme des lois, qu’enfin ils ne visaient à rien moins qu’à l’usurpation absolue de la prérogative royale. C’était d’ailleurs, selon lui, un conflit d’opinions sur une théorie, une difficulté que l’on avait suscitée mal-à-propos, et que lui-