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sanctuaire de la justice profané et dégradé dans l’opinion publique.

Non seulement le respect pour les lois, pour le gouvernement, pour les tribunaux, pour toutes les institutions a été considérablement ébranlé d’un bout à l’autre de la province, mais encore la moralité de ses habitants a été exposée à l’influence pernicieuse des plus tristes exemples. Le refus d’une enquête sur les violences commises à la dernière élection pour la cité de Montréal ; la décision d’un comité de l’assemblée législative assermenté pour juger d’une élection contestée, donnée en faveur d’un homme que le comité déclarait ne pas avoir obtenu la majorité des voix, et qui, à sa grande surprise, est devenu membre de la législature ; la nomination d’un membre siégeant dans un autre comité, chargé de décider d’une autre élection contestée, à trois emplois lucratifs cumulés sur sa tête, avant que ce comité eût fait son rapport final ; le vote donné par l’honorable William Draper sur une question vitale décidée par une majorité de deux voix, en même temps qu’il déclarait publiquement que dans quelques heures il allait accepter un emploi judiciaire qui, d’après la loi, rendait sa place de député vacante ; la confirmation de l’élection d’un autre représentant faite en vertu d’une autorité que la chambre elle-même avait déjà déclarée nulle ; les difficultés frivoles soulevées sur la compétence du représentant du comté de Champlain, difficultés qui ont privé ce comté de sa voix en parlement pendant presque toute une session ; le retard apporté dans l’émanation d’un ordre pour l’élection d’un représentant pour le comté de Dorchester, à la place d’un des membres de l’administration nommé à un emploi judiciaire à la veille d’une session (ces quatre derniers faits donnant au ministère deux voix illégales, et privant l’opposition de deux voix légitimes, formant ainsi une majorité artificielle et illégale de quatre voix), tous ces actes sont propres à persuader au peuple de cette colonie que toute est permis aux hommes publics pour acquérir ou conserver des emplois lucratifs sous le gouvernement. De là chaque individu est invité à conclure que tout lui est aussi permis dans sa sphère d’action pour acquérir, conserver ou augmenter son bien-être et celui de sa famille ; et l’oblitération complète de tout sentiment de morale et de justice serait la conséquence de tels