Page:Manifeste du Club national démocratique, 1849.djvu/12

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implantée par un bigame couronné, ne s’établit qu’à l’aide de persécutions qui par leur odieux raffinement rappellent involontairement les plus beaux jours des Césars romains ; et certes comme monument de tyrannie et d’inhumanité les statuts d’Édouard VI et d’Élisabeth, ne valent-ils pas les édits les plus stupidement sanguinaires de la cruelle brute de Caprée.

Aujourd’hui au contraire tous les hommes, appuyés sur la loi de leur conscience, ont reconnu que comme hommes et êtres-libres, ils sont tous frères ; ils ont reconnu qu’il était absurde de croire qu’on pût s’imposer des croyances fortes et sincères à l’aide du pieux système Maintenon des dragonnades. Alors on a vu le noble spectacle de la liberté des cultes admis et respecté dans tous les pays civilisés ; et l’homme juif, pouvant enfin voir dans l’homme chrétien un frère et un semblable au lieu de n’y voir qu’un sectaire fanatique et qu’un bourreau.

D’autres raisons toutes-puissantes viennent encore trancher les différences qui existent entre l’époque purement monarchique et la nôtre ; et en première ligne se présente l’extension ou plutôt la création de l’éducation populaire.

En effet ce germe puissant de toute liberté n’était même pas conçu au moyen-âge, et tandis que d’un côté le servage créait les hommes, ces rois de la création, la propriété héréditaire du haut bannerêt ou du pieux abbé, de l’autre l’ignorance la plus lourde et la plus profonde devenait aussi propriété héréditaire de toutes les